samedi 1 novembre 2008

VIDEO HISTORIQUE EN FRANCAIS

JJ GILTINAN SAILING REGATTA - 22 Février - REGATE DE REPLIQUES DE 18 PIEDS DES ANNEES 30

A la fois fondateur de la ligue Australienne de rugby et de la ligue de 18 pieds, le légendaire JJ Giltinan a vu son nom célébré par deux fois en baie de Sydney, entre le 15 et le 24 février derniers : d’abord lors du championnat du monde officieux du roi des skiffs, le fameux JJ Giltinan International Championship, et de façon plus exceptionnel, lors du centenaire de la Ligue australienne de rugby. Sous l’action de cet entrepreneur, le rugby et la voile sont devenus intimement liés à Sydney. Depuis des décennies, les rugbymen ont en effet pris l’habitude de s’entraîner l’hiver sur les terrains et de régater pendant l’été dans la baie. Pour ce centenaire, 8 équipes se sont ainsi affrontées sur des répliques de 18 pieds de la fin des années 30, offrant le spectacle magnifique de ces bateaux historiques.

Né en 1892 de l’imagination de Mark Foy, homme d’affaire passionné de régate et déterminé à rendre la voile très populaire en baie de Sydney, le 18 pieds se distingue dès son origine par sa faible longueur et sa grande surface de voile. Constatant que les compétitions du WE, trop longues et trop lointaines ne passionnent pas les foules, le fougueux entrepreneur décide d’inventer une course à destination du public, qui devra répondre à 3 grands principes :

- Les manches devront êtres plus spectaculaires et plus courtes
- Les bateaux devront être plus identifiables, par des couleurs et des symboles plutôt que par un numéro de voile.
- Le premier à passer la ligne sera le vainqueur !

A l’aube des années 1900, les bateaux qui croisent habituellement dans les eaux de Sydney s’affrontent sur des parcours de 12 milles qui les rendent invisibles pendant plus de 2 heures, mesurent aux alentours des 24 pieds et comptent 25 équipiers. Pour rendre les bateaux plus spectaculaires, Foy décide d’en diminuer la taille tout en conservant une importante surface de voile. Plus légers, moins larges, plus petits – les fameux 18 pieds ! -, ces bateaux révolutionnaires conçus pour planer tôt font tomber le nombre des équipiers à 14, ce qui pour une longueur de 5 mètres 49 reste tout de même assez impressionnant. Bien que séducteur, le concept qui devait s’intégrer aux régates célébrant la création de la ville de Sydney fût refusé par le comité d’organisation sous prétexte qu’il ne respectait pas à ses yeux « la dignité des anciennes régates de l'hémisphère Sud ». Furieux, Foy décida de passer outre et organisa, sur son argent propre et a grand renfort de publicité, la première compétition de 18 pieds. Ce fût un immense succès. Le public novice, entassé le long des berges ou à bord de ferries spécialement affrétés, pu assister à l’âpre confrontation que se livraient ces bateaux rapides et surtoilés, sur des triangles réduits à 3 milles seulement. Le succès ne se démenti pas les années suivantes et le premier championnat australien fût organisé pendant la saison 1912-1913, encourageant des constructions de plus en plus radicales.

Il faudra attendre 1932 et l’ingéniosité d’un certain Frédérick Hart pour voir arriver un concept vraiment novateur. Surnommé « Miracle boat », le 18 pieds ABERDARE voit sa largeur limitée a 7 pieds et son équipage réduit à 8 personnes. Une avancée révolutionnaire qui permettra à cet ancêtre des sporboats d’atteindre dès 1934 la vitesse incroyable de 26 nœuds…impensable pour l’époque. Construit à Brisbane, cet Objet Flottant Non Identifié, insolant de domination, marqua la fin des premiers 18 pieds et fût malgré lui à l’origine de la création de l’actuelle Ligue Australienne. Les autorités véliques du Sydney Flying Squadron ayant en effet refusé de jauger ces bateaux qui bouleversaient les codes du yachting bienséant, les skiffeurs rebelles furent obligés de créer leur propre club (la fameuse 18 Footer Sailing League). De 6 lors de la saison 1935, la flotte des 18 pieds nouvelle génération passaient à 21 unités en 1938.

C’est cette même année que l’entreprenant JJ Giltinan, déjà fondateur de la Ligue Australienne de Rugby donnait naissance au premier championnat du monde « Open », ouvert à toutes les nationalités, pour le 150ème anniversaire de la ville de Sydney. Bien que l’intérêt se soit manifesté des quatre coins du globe avec les Etats-Unis, l’Angleterre ou encore Hong-Kong, les tensions européennes à l’approche de la seconde guerre mondiale retardaient l’ouverture de cette compétition. Seuls les voisins néo-zélandais faisaient finalement le déplacement, devenant pour longtemps les adversaires privilégiés des skiffeurs australiens.

70 ans après, ce trophée auquel JJ Giltinan a donné son nom est devenu le graal des skiffeurs du monde entier. Les bateaux ont encore considérablement évolué, faisant appel aux matériaux les plus modernes, aux innovations architecturales les plus audacieuses, repoussant encore un peu les limites de l’équation poids/puissance/contrôle. Il ne reste plus que 3 équipiers au bout de leurs échelles de carbone pour gérer les 110 m2 de puissance que délivrent les immenses gréements…

Si les Australiens, qui régatent quasiment chaque WE, dominent logiquement la compétition, quelques équipages étrangers sont parvenus à s’immiscer dans le palmarès des vainqueurs. Des néo-zélandais bien-sûr mais également des Anglais avec Tim Robinson en 1999 et Rob Greenhalgh en 2004 ou des Américains avec Howie Hamlin en 2002 et 2003. Le JJ, même s’il s’internationalise, reste donc pour l’instant au plus haut niveau, une affaire anglo-saxonne.

Depuis 2005, les Australiens ont bel et bien repris la main semble-t-il et ils peuvent maintenant compter sur la fougue et l’expertise des nouvelles générations comme en témoigne l’édition 2008. Seconds l’an dernier derrière les doubles champions Michael Coxon, Aaron Links et Nathan Ellis, sur Fiat, les jeunes Seve Jarvin, Sam Newton et Robert Bell, sur Gotta Love It 7, sont parvenus à conquérir le titre suprême.

En Baie de Sydney, sur des parcours d’une quarantaine de milles, au milieu d’un incroyable trafic maritime et dans des vents oscillant entre 10 et 15 nœuds, ils ont remporté 3 manches et terminés 3 fois seconds, dominants la compétition de façon exceptionnelle. Dans leur sillage, les tenants du titre se sont pourtant bien battus, avec 3 victoires également mais quelques résultats plus moyens. Les hommes d’Asko Appliances, emmenés par Hugh Stodart complétaient le podium, à un cheveu du revenant Trevor Barnabas, 54 ans, 5 fois vainqueur du JJ et de retour avec bonheur à la compétition. Le premier équipage étranger était néo-zélandais et se plaçait en 9ème position.

Mais si la pratique du 18 pieds reste sportivement et symboliquement une chose éminemment australienne, des ponts se sont créés au fil des années entre la Classe Européenne, la Classe Anglaise et la Ligue Australienne, au point que le JJ Giltinan International Championship sera organisé exceptionnellement en France l’année prochaine, à Carnac. L’événement s’annonce déjà comme le plus gros rassemblement de 18 pieds jamais organisé en Europe, avec une 40taine de bateaux attendus, parmi lesquels ont trouvera les meilleurs équipages Australiens bien sûr, mais également Néo-zélandais et Américains. Un rendez-vous historique à ne pas manquer !

source : http://www.18footers.com.au/



















JJ GILTINAN INTERNATIONAL CHAMPIONSHIP 2008 - JOUR 7 -












VICTOIRES, PETITES ET GRANDES HISTOIRES AUSTRALES

Au terme de 7 jours de compétition disputés dans des vents oscillants entre 10 et 15 nœuds, le podium du JJ Giltinan International Championship édition 2008 est maintenant connu. Consacrés depuis hier, Seve Jarvin et ses coéquipiers, sur Gotta Love It 7, terminent cette formidable confrontation avec un total quasiment irréprochable de 9 pts, juste devant l’équipage de Fiat (17 pts), dépossédé de son titre malgré une belle résistance et une ultime victoire dans la dernière manche. Les hommes d’Asko Appliances (25 pts), qui s’étaient jurés de ne pas finir 3èmes comme l’an passé ont dû se satisfaire une fois encore de cette place plus qu’honorable. Ils complètent un podium entièrement australien.


En quatrième position, le revenant Trevor Barnabas (25,5 pts), aux commandes d’Omega Smeg terminait de belle façon malgré une collision dans la cinquième manche (qui lui a peut-être coûté le podium). John Harris (36 pts) et son vert Rag & Famish prend la dernière place du top 5 après s’être octroyé une superbe victoire dans la manche 6. Une performance qui ne pouvait cependant pas rattraper quelques manches moins réussies (13ème dans la première, 11ème et 10ème dans les courses 4 et 5). Club Marine (38 pts), malgré l’absence de son skipper Euan Mac Nicol (vainqueur du JJ en 2005) s’offre une très honorable 6ème place en finissant quasiment chaque manche dans le top 10.

En 7ème position, il faut saluer la formidable performance d’un équipage qui avait fini 30ème l’année dernière. Pour leur deuxième saison seulement et avec un bateau construit de ses propres mains, Brett Van Munster et ses coéquipiers, à bord de Kinder Caring Home Nursing (44 pts) s’offrent un incroyable finish dans la dernière manche, à une seconde seulement de Fiat, dans un run final plein de fougue et de détermination. Sûr qu’il faudra compter avec eux l’année prochaine. 8èmes, les hommes de Macquarie Real Estate (46 pts) gagnent une place de mieux que l’année dernière, après quelques belles manches. Une place échangée avec l’équipage néo-zélandais de CT Sailbattens (52 pts), premier bateau « étranger » a s’immiscer dans ce championnat aux couleurs résolument australiennes (à noter que les kiwis sont les adversaires historiques et privilégiés de cette classe qui trouve ses origines aux antipodes).

En 10ème position, avec 64 pts, Grant Rollerson, skipper l’an dernier de De Longhi, n’a cessé de remonter au classement tout au long des manches de ce JJ, alors qu’il avait mis à l’eau son tout nouveau bateau la veille de la compétition. Un résultat plein de promesses. On trouve dans son tableau arrière deux marins de grande expérience : John Winning d’abord, à bord de Yandoo (vainqueur en 2000), 10ème avec 71 pts et l’Américain Howie Hamelin (74 pts), sur Wild Oats Chardonnay, âgés respectivement de 56 et 54 ans. TMF Group (75 pts) premier et seul bateau européen, normalement skippé par l’Anglais Jarrod Simpson, blessé au genoux lors de la manche d’entraînement du 15 février, n’a cessé de changer de mains (australiennes !) tout au long de la compétition…

Derrière, les équipages totalisaient majoritairement des manches comprises entre la 15ème et la 29ème place, avec quelques performances notables à mettre au profit des équipages de Pure Blonde (7èmes dans la deuxième manche), CST Composites (8èmes dans la cinquième) ou encore Panasonic, auteurs d’un très beau podium dans la troisième manche avec une 3ème place historique dans leur jeune carrière de compétiteurs…

Bref, le JJ a délivré cette année encore son lot d’images spectaculaires, de longs bords débridés, de croisement improbables au milieu des ferries, de belles solidarités sportives et de petites histoires dans la grande, qui font de cette compétition australe un heureux mélange d’excellence technique et sportive, de « fun », de respect des origines et d’enthousiasme, collectivement salué par la présence de nombreux anciens coureurs (dont certains comme John Winning n’ont pas encore raccroché la ceinture de rappel) au premier rang desquels il fallait compter une véritable légende du 18 pieds, le solide et charismatique Iain Murray, 6 fois vainqueur consécutif du trophée (entre 1977 et 1982) sur Color 7, venu remettre le titre au jeune équipage qui reprenait cette année les couleurs de son ancien sponsor…tout un symbole !